metoo 2859980 1920 980x653 1

Dans la foulée du #MeToo, certaines compagnies américaines ont élaboré des politiques « tolérance zéro » en matière de relations amoureuses au travail. Le réseau NBC, par exemple, a adopté une telle politique suite au licenciement, en novembre 2017, de Matt Lauer, animateur vedette de « The Today Show ». Les employé(e)s de NBC sont désormais tenus de signaler aux ressources humaines, à leur supérieur(e) ou par le biais de la ligne téléphonique anti-harcèlement de l’entreprise, toute relation amoureuse ou tout comportement inapproprié dont ils ou elles sont les témoins dans le milieu de travail.

Que penser de ce type de politique?

De nos jours, plus du tiers des couples se forment au travail. Nous passons plus de temps avec nos collègues qu’avec les membres de notre famille. Les employeurs et les employeuses embauchent des employé(e)s partageant les mêmes schèmes de valeurs, en accord avec celles de l’organisation. Le milieu de travail favorise donc le développement des affinités qui peuvent faire naitre des relations amoureuses.

Interdire toute forme de séduction au travail? Impossible! Tout comme empêcher la neige de tomber en hiver!

Les bonnes pratiques

Que faire alors? Quelles valeurs doit-on véhiculer pour éviter de se retrouver dans une situation difficile, voire dramatique? Les meilleures mesures demeurent la sensibilisation aux valeurs de l’entreprise en matière de relations interpersonnelles et à l’obligation de civilité au travail et l’éducation.

Depuis le phénomène #MeToo, les séances de formation d’Arima Conseils sur la prévention du harcèlement psychologique et sexuel en milieu de travail suscitent de nombreuses questions au sein des équipes de travail. Les gens expriment plusieurs résistances lorsqu’on traite d’incivilité sexuelle. Certains accusent les femmes d’hypersensibilité; d’autres croient que l’on aseptise les milieux de travail ou que les politiques en vigueur censurent la transparence et la communication.

Des commentaires révélateurs

« Ça y est, on ne peut plus faire de compliments maintenant… »

Des compliments? Bien sûr, mais faites-les avec élégance! Il y a une nuance entre « Ton chandail te va bien » et « Ils sont beaux dans ton chandail! » Lequel de ces compliments aimeriez-vous que l’on adresse à votre conjointe ou à votre jeune fille?

« Bon, on a plus le droit de faire des blagues au travail… »

« C’est une juste une blague! » L’humour a bon dos… Sous son couvert, plusieurs personnes dénigrent ou marginalisent l’autre. Pousser une blague sexiste ou de nature sexuelle peut être dans certains cas une façon, consciente ou non, de dominer l’autre. Cette forme d’intimidation crée un climat de méfiance.

Un message clair

On ne le répétera jamais assez! On ne doit tenir aucun propos lié à la sexualité à une personne subordonnée ni tenter de la séduire! L’employé(e) peut difficilement poser des limites claires à son ou sa supérieur(e); la peur des représailles, de déplaire ou encore de nuire à son développement professionnel sont des enjeux réels et non négligeables…

Certains ou certaines dirigeant(e)s ne mesurent pas l’impact de leurs propos. Que dire de ceux qui osent poser des questions sur les pratiques sexuelles de leurs employé(e)s? De tels propos peuvent coûter cher à une organisation : détérioration du climat de travail, roulement ou démission de personnel… Enquêtes? Poursuites?

Évitez toute ambigüité! Un bon ou une bonne leader doit avoir une conduite exemplaire pour assurer un milieu de travail sain, exempt de harcèlement sexuel. Ce faisant, il ou elle passe un message clair à son équipe et il gagne en crédibilité!

Un outil évolutif

Lors d’un écart de conduite, l’intervention rapide peut éviter qu’une situation ne s’envenime. Cependant, comment déterminer s’il s’agit de harcèlement sexuel? Les zones grises sont nombreuses.

Pour faciliter la prévention du harcèlement sexuel dans les équipes de travail, Arima Conseils a adapté l’échelle des inconduites sexuelles du professeur Kathleen Kelley Reardon. La présentation de cas concrets lors de nos formations nous permet de réfléchir avec les participants et les participantes sur les impacts de certains comportements et de transmettre des moyens d’y répondre pour éviter l’escalade…

Adaptation de l’échelle des inconduites sexuelles au travail

Feu VERT : Comportements généralement inoffensifs

Le climat est détendu…

On parle ici de commentaires anodins, de compliments sur l’apparence ou sur un trait de personnalité.

« Ta robe est très jolie »; « Tu es travaillante! »; « Ta coupe de cheveux te va à merveille! ».

Rien d’offensant… quoique ce type de comportement pourrait devenir dérangeant s’il est répété souvent, par une même personne qui, en plus, accompagne ses commentaires de regards insistants…

Feu JAUNE : Comportements gênants ou offensants

Des blagues?

Les commentaires et les plaisanteries sont basés sur les différences entre les sexes et défavorables aux femmes; on présente des comportements discriminatoires et on affiche un air de supériorité.

« On ne peut plus parler franchement en votre présence! » « Va imprimer les papiers, laisse le vrai travail aux hommes! » « Les femmes! Jamais capables de s’orienter comme du monde! » « Bon, toutes des saintes-nitouches maintenant… » « Oui, j’ai une photo d’une pin-up sur mon écran d’ordinateur, ça te dérange? »

JAUNE… ORANGÉ?

Y a-t-il vraiment matière à rire?

Les commentaires ou les comportements sont intentionnellement dénigrants; on fait des remarques sur le corps ou l’apparence pour embarrasser ou insulter; on pose des questions intimes.

« J’aimerais bien voir ce que tu portes sous ton sarrau… » « Tu es donc bien sexy ce matin! Tu pourrais faire la Ste-Catherine! » « Ton chum s’occupe-t-il bien de tes fins de soirée? » « Portes-tu des sous-vêtements sous ta robe? » « Vous êtes veuve? Comment vous débrouillez-vous pour la sexualité? » « Franchement, siffler une collègue qui passe dans le corridor, ça n’a jamais fait de mal à personne! »

FEU ROUGE : Comportements intimidants, inconduite sexuelle, agressions sexuelles

De la parole aux gestes!

Les comportements sont grossiers ou physiquement intrusifs; les regards sont concupiscents, et notamment dirigés sur les parties sexuelles de la victime. On sollicite des faveurs sexuelles en agrippant, touchant, embrassant la femme sans son consentement; on ignore son manque évident d’intérêt à s’engager dans une relation intime.

Rien ne va plus…

On fait usage de la force, de contraintes – c’est l’abus sexuel, c’est l’agression sexuelle. On exerce des pressions de manière suggestive; on menace de détruire la carrière de la femme qui refuse de se livrer à des activités sexuelles.

Assurer un climat de travail sain

La prévention en matière de harcèlement psychologique et sexuel passe par la sensibilisation et l’éducation. Il importe de reconnaitre les comportements inadmissibles et d’outiller les gestionnaires afin qu’ils interviennent rapidement dans les cas d’incivilité sexuelle ou autre.

Chez Arima Conseils, les relations égalitaires, c’est notre affaire!

Marie-Josée Drouin, CRHA