L’importance d’un climat de travail sain dans le devenir d’une entreprise n’est plus un secret pour personne. C’est pourquoi nous devons intervenir adéquatement lorsque nous sommes confrontés à des situations difficiles qui menacent le bien-être et la cohésion de notre équipe. Ces turbulences sont souvent le fruit d’une seule personne qui perturbe l’environnement sans même réaliser l’impact négatif sur l’équipe et sur elle-même.
Heureusement, par de bonnes techniques de communication, il est possible de neutraliser ce type de comportement.
Examinons en détail l’un de ces comportements perturbateurs : le détournement cognitif.
Manipulation? Harcèlement?
Il y a deux ans, j’animais une formation sur l’obligation de civilité pour un groupe d’employés principalement composé d’hommes. J’ai invité le groupe à me fournir des exemples d’incivilité; une employée a « osé » dénoncer les blagues à caractère sexuel qu’elle jugeait de mauvais goût… La réponse n’a pas tardé! Un de ses collègues, les yeux rivés sur sa poitrine, lui a lancé : « Ils sont beaux dans ton chandail! » Malaise ici… que j’ai tenté de dissiper en disant à ce « charmant personnage » : « Non seulement votre blague est-elle déplacée, elle n’est même pas drôle! » Et lui de répliquer : « Savez-vous ce qui est très drôle? C’est votre réaction de vierge offensée! » J’étais estomaquée : c’est moi qui étais devenue LE problème!!!
Cet employé venait de faire du détournement cognitif.
Le détournement cognitif : une définition
Le détournement cognitif, connu sous le nom de gaslighting en anglais, est une forme de harcèlement psychologique par laquelle une personne manipulatrice amène sa victime à mettre en doute ses propres perceptions, ses valeurs et sa santé mentale. En perdant ses réactions d’autodéfense, la victime devient un pantin dont le « maître » n’a plus qu’à tirer les ficelles.
Pour déstabiliser sa victime, la personne manipulatrice n’hésite pas à déformer les informations, à omettre volontairement d’en divulguer certaines ou encore à transmettre intentionnellement de fausses informations, tout innocemment bien sûr! La plupart du temps, ses propos véhiculent des stéréotypes sur le sexe, la sexualité, la race, l’âge.
De petites phrases…
· « Tu es trop susceptible. »
· « Tu te fais des idées. »
· « C’était juste une blague. N’en fais pas un drame! »
· « Pourquoi es-tu toujours sur la défensive? »
· « Je ne t’aurais jamais fait ça. »
· « Tu te rappelles tout de travers. »
· « C’est une fausse accusation. »
· « T’es trop vieille! »
D’apparence anodine, ces petites phrases répétées inlassablement finissent par atteindre le but visé : contrôler la victime. « Ai-je été incompétente? Ma mémoire me joue-t-elle des tours? Ai-je tort de ne pas rire de toutes les blagues? Dois-je éviter de donner mon opinion dans les réunions? » se demande la victime. Elle ne sait plus qui ou que croire.
Ça vous rappelle quelque chose? Avez-vous déjà été victime ou témoin de cette forme de harcèlement? Comment y avez-vous réagi?
Marie-Josée Drouin, CRHA
Présidente
Arima Conseils inc.